C'est après un long silence que nous continuons et terminons le récit de notre voyage entre Poitiers et Paris.
Afin de commencer notre préparation pour la saison 2013, nous étions partis à la recherche du soleil dans le sud de la
France et n'avons trouvé qu'un temps complétement pourri. Comble de chance nous n'avions même pas de liaison internet fiable. Mais, comme il en faut plus pour nous saper le moral, voici le récit de la dernière étape.
7ème étape
MONTIGNY-LE-BRETONNEUX
PARIS
Grand moment aujourd’hui car, comme prévu, Jeanine va être à Paris ce dimanche 16 septembre pour participer au plus grand
rassemblement européen de cyclotourisme au féminin. Si pour Jeanine la fin du voyage sera après le grand défilé dans paris, pour Christian le terminus sera à l’arrivée place Joffre, point de
départ du défilé.
Il est sept heures et nous sommes à l’entrée de la base de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines. Un autre couple est déjà là et
rien ne bouge. Brusquement surgit de l’intérieur du parc un groupe de cyclotes assez bruyantes encadrées par quelques cyclos des Yvelines en gilets jaunes. Elles ont toutes revêtu les chasubles
roses « Toutes à paris », qui leur avaient été remises hier soir à Trappes, ainsi que des signes distinctifs permettant de reconnaître leur région d’origine. C'est en compagnie des
filles du Finistère et de l'Eure et Loir que nous partons vers Paris, rejoindre les 5.000 autres femmes à vélo sur la place Joffre en face de la Tour Eiffel.
©C HUORT
Halte au château de Versailles en compagnie des Quimpéroises
Première halte à Versailles sur l’esplanade du château. Un groupe de près de deux cents cyclotes et cyclos, cela se remarque et
les premiers touristes qui descendent des autocars pour attendre le début des visites n’en croient pas leurs yeux. Après l’inévitable séance de photographie et de prise de vue, le cortège repart
direction Chaville où il n’y aura pas, comme dans la chanson des années 50 écrite par Pierre Destailles, de cueillette de muguet dans les bois, car si le parc forestier existe toujours, il n’y a
jamais eu de muguet en septembre.
Nous traversons la Seine au pont de Sèvres et prenons aussitôt rive droite le quai Georges Gorse. A notre droite, on peu voir
l’Île Seguin où autrefois était l’usine Renault et à gauche des pans de façade des anciens bâtiments administratifs de Renault qui sont conservés et maintenus par des étais en attendant d’être
intégrés à un projet de rénovation du site. Nous continuons quai du Point du jour, passons devant la maison de TF1 puis prenons le quai Blériot jusqu’au pont Mirabeau. Nous traversons de nouveau
la Seine pour couper le quai Citroën et prendre l’avenue Emile Zola et la rue du commerce pour enfin arriver Place Joffre.
Depuis déjà quelques moments nous apercevons au loin l’emblème de la capitale, la tour Eiffel. Au fur et à mesure que nous
approchons de la place Joffre, de nouveaux groupes apparaissent et bientôt c’est un flot continu de cyclotouristes qui se forme. L’arrivée à l’extrémité du Champ de Mars est impressionnante, une
véritable marée humaine, multicolore avec une dominante blanche et rouge car la chaleur ayant monté, ces dames ont toutes mis le magnifique maillot créé à l’occasion de l’événement.
©C HUORT
Une partie des Cyclotes avant le départ du circuit dans Paris
A partir de ce moment, Christian n’a plus le droit de continuer. Pour lui le voyage est terminé, mais Jeanine continue car il
reste encore douze kilomètres à faire dans les rues de la capitale et ce sera pour beaucoup de cyclotes un merveilleux souvenir. Mais écoutons plutôt Jeanine nous raconter cela :
Le départ du circuit était prévu à 10 heures, mais comme certaines délégations n’étaient pas encore arrivées, nous patientons
jusqu’à 10 heures 30. Un speaker bavard amuse et meuble. Le temps passe, notre beau parleur continu mais on sent qu’il y a des fourmis dans les jambes de certaines. Enfin, il est presque 11
heures quand, après quelques discours des officiels, nous partons enfin pour un circuit de 12 kilomètres dans Paris.
Nous prenons l’avenue Bosquet où les immeubles cossus de style Haussmannien côtoient des constructions plus récentes. Le
quartier du Gros Caillou est calme ce dimanche matin. Nous arrivons assez rapidement place de la Résistance et tournons à droite pour nous engager sur le quai d’Orsay. L’immense peloton féminin
est assez bruyant, discussions et chants attirent l’attention des chalands et autres joggeurs flânant au bord de la Seine que nous avons à notre gauche. Les premiers ralentissements dans le
groupe commencent à se produire. Il faut être assez concentré pour pouvoir anticiper ce phénomène d’accordéon et éviter les collisions et les chutes, mais pour l’instant tout va bien.
© www.cbx41.com
L’entrée du ministère des affaires étrangères, quai d’Orsay
Sur le quai d’Orsay nous ne pouvons pas manquer l’imposant et magnifique bâtiment du ministère des Affaires étrangères avec ses
deux bouquets de drapeaux encadrant la grille d’entrée, gardée par un gendarme, ainsi que celui qui flotte sur le toit de l’édifice. Mais nous progressons par à-coup successifs et remontons le
boulevard Saint-Germain. Nous tournons à gauche pour prendre la rue du Bac qui va nous amener au Pont Royal, que nous traversons et arrivons face aux bâtiments du musée du Louvre, coté quai
François Mitterrand. A hauteur de la place du Louvre nous pouvons apercevoir à droite, a travers les arbres, la pointe de l’Île de la cité et le square du Vert Galant.
Un peu plus loin, sur le quai de la Mégisserie, nous voyons de l’autre coté de la Seine la tour Saint-Jacques et la
Conciergerie. Toujours sur les quais, celui de Gesvres nous amène à hauteur de l’Hôtel de Ville que nous voyons à gauche. Au même endroit, mais sur la droite nous pouvons voir les tours de
Notre-Dame. Quai de l’Hôtel de Ville mon regard est attiré par la succession de restaurants qui sont à touche à touche sur plusieurs centaines de mètres. Un peu plus loin nous apercevons le
tribunal administratif. Nous avançons toujours par saccades et les arrêts successifs sont très fatiguants.
Nous tournons à droite et empruntons le pont Marie
pour nous retrouver rue des Deux Ponts sur l’île Saint-Louis. Puis c’est le pont de la Tournelle, où se trouve la statue de Sainte-Geneviève, la patronne de Paris, qui nous ramène sur la rive
gauche et le quai de la Tournelle, où l’on peut voir les boites vertes des bouquinistes sur le muret du quai. Quelques centaines de mètres plus loin, nous sommes en bordure du quartier latin que
nous allons longer sur le quai Saint-Michel, jusqu’à la place du même nom.
©WikipédiA
Quai des Grands Augustins vu du pont Saint-Michel
Quai des Grands Augustins, nous passons devant un bar à vin nommé « l’écluse ». S’il ne dit rien à la plus part des
cyclotes, c’est qu’elles sont pour la plus part trop jeunes. Ce bar à vins était autrefois un cabaret qui, entre 1951 et 1974 verra le début de nombreux artistes tels que Jacques Brel, Barbara,
Pia Colombo, Cora Vaucaire, Les Frères Ennemis, Jean-Pierre Darras, Philippe Noiret, etc. La particularité de l’écluse était ses dimensions, la salle contenait 80 spectateurs et la scène faisait
trois mètres cinquante sur deux mètres.
Nous abordons le quai de Conti où nous passons devant
l’Hôtel des Monnaies et la statue de Mirabeau, érigée à l’endroit où se tenait autrefois la tour de Nesle. Puis, c’est l’institut de France et son dôme imposant qui attire l’œil. A l’entrée du
quai Malaquais c’est une autre statut, toute blanche, qui retient l’attention. Elle est signée Jean-François Soitoux, c’est une allégorie de la République. Première représentation officielle de
la République française, commandée par le gouvernement de la IIème République
A l’entrée du quai Voltaire, nous retrouvons la rue
du Bac, mais nous filons, si l’on peut dire, car nous sommes sans arrêt obligées de mettre pied à terre, le déplacement se faisant par saccades, ce qui est de plus en plus pénible mais n’altère
pas l’énergie des cyclotes qui chantent sans discontinuer. On ne peut manquer de voir le Muse d’Orsay, installé dans l’ancienne gare de chemin de fer du même nom.
©WikipédiA
Verrière de l’ancienne gare d’Orsay devenue hall du musée
Nous retrouvons le quai d’Orsay que nous empruntons en sens inverse sur quelques centaines de mètres pour tourner à gauche
Avenue du Maréchal Gallieni. Elle traverse l'esplanade des Invalides dans l'axe de l'hôtel des Invalides et du pont Alexandre-III. C’est à cet endroit que nous marquons un temps d’arrêt important
qui nous permet d’admirer l’Hôtel des Invalides, où sont inhumés tous les grands hommes de la France, et son dôme doré. Sa construction fut ordonnée par Louis XIV en 1670.
Après cette halte qui a permis de se reposer un peu, la circulation en accordéon, qui implique de mettre pied à terre et des
redémarrages fréquents, est particulièrement éprouvante. Nous repartons place des Invalides et entrons dans la rue de la Motte-Piquet qui nous ramène à la place Joffre.
Un par un les groupes saluent à leur façon le
public venu nombreux, par intérêts pour beaucoup et aussi par curiosité pour d’autres. Un public qui, tout le long du parcours avait encouragé et salué ce long cortège multicolore, bruyant et
pittoresque. Mais il y a eu, bien sûr aussi les râleurs, pour qui, les nanas en vélo les empêchaient de circuler en voiture, encombrant la chaussée et les obligeant à ralentir. Heureusement qu’il
y en a car, si tout le monde était content et faisait du vélo, peut être que l’on ne se rendrait pas compte de la chance que nous avons de faire un sport magnifique : « le
cyclotourisme ».
©C HUORT
Le retour du circuit dans Paris
Vers 12 heures 30, nous nous retrouvons toutes sur le
Champ de Mars pour un pique-nique géant. Les pelouses du Champ de Mars, d’ordinaire si vertes, sont devenues multicolores avec une dominante blanc et rouge. Les oiseaux qui d’habitude ont leurs
repères dans les arbres alentours se sont tus, étonnés de tout ce monde et de tout ce changement. Un joyeux tintamarre qui reflète le plaisir que cinq milles femmes ont à prouver qu’elles sont
capables elles aussi de faire de grandes et belles choses
Une vraie fête dans une ambiance extraordinaire où chaque région de France avait rivalisé d'originalité dans la décoration des
casques et dans les chants aux intonations guerrières vantant la conquête de Paris par les femmes à vélo.
Une belle fête due à la volonté de deux d'entre elles, Roselyne Depuccio et
Jacklyne Jahan, membres du comité directeur de la Fédération Française de Cyclotourisme (FFCT), ainsi que des centaines de bénévoles qui ont œuvré pour ce succès franc et
magnifique.
©C HUORT
Dommage c'est fini !
Mais on recommencera !